La Boucle du Sancy : 3 jours en autonomie au cœur des volcans d’Auvergne

Un trek d’automne dans un décor de conte de fées

À la recherche d’une aventure sauvage et accessible en pleine nature ? Cap sur l’Auvergne pour un trek en autonomie autour du massif du Sancy. Entre crêtes volcaniques, forêts profondes et villages de caractère, ce circuit de trois jours vous fera découvrir un des coins les plus dépaysants de France. Voici le récit de Josie, qui a tenté l’expérience en novembre, en mode minimaliste et résolument hors saison.

Au cœur de l’Auvergne, entre crêtes volcaniques et vallées verdoyantes, se cache une boucle de randonnée aussi sauvage que spectaculaire : la Boucle du Sancy – Version Est. Nous avons décidé de faire cette randonnée début novembre, profitant encore de la douceur inhabituelle de la saison. L’idée, c’était de prolonger un peu l’été... mais les nuits nous ont vite rappelé que l’automne était bien là, et sans pitié ! Il n’y a pas beaucoup d’endroits en France comme le Puy-de-Dôme. Par moments, on avait vraiment l’impression de marcher dans la Comté, tout droit sortis de la Terre du Milieu. Partout autour de nous, des paysages ouverts, vallonnés et d’un vert éclatant — un vrai décor de conte de fées.

Jour 1 : Besse-et-Saint-Anastaise → Super-Besse – Premiers pas au crépuscule

Nous sommes partis pour la randonnée assez tard dans la journée, ce qui fait que nous avons marché une bonne partie de la première étape de nuit. On avait garé la voiture à Besse, partagé une assiette de truffade achetée à la boulangerie, puis on s’est mis en route. Le début du sentier était magnifique : il restait environ deux heures de lumière, l’air était vif, presque immobile, et le ciel prenait des teintes de bleu et de rose qu’on ne voit qu’en fin d’automne.

Nous sommes arrivés au lac Pavin juste à la tombée de la nuit — un moment presque irréel — mais il nous restait encore un peu de chemin. Marcher la nuit, c’est quelque chose qu’on fait rarement, et pourtant, c’est une expérience à part entière. On perd les vues, bien sûr, mais on gagne autre chose : une forme de calme, d’intimité avec le paysage, où il ne reste plus que tes pas, tes jambes, et les étoiles au-dessus de toi. Une sorte de monde parallèle, silencieux, sans distractions.

Nous avons atteint Super-Besse assez tard, frigorifiés par la chute brutale des températures. Comme la station est surtout active l’hiver, peu d’endroits étaient ouverts, mais on a trouvé un restaurant encore en service et on s’y est réfugiés pour un dîner bien mérité. Ensuite, on a planté la tente sur un petit spot de bivouac, juste à côté des télésièges. Et on s’est endormis instantanément, rincés par la journée.

Jour 2 : Super-Besse → Grande cascade – Crêtes volcaniques et solitude d’altitude

On a ouvert la tente sur une matinée de novembre étonnamment chaude. Le plan du jour : atteindre le point culminant du département — le Puy de Sancy, à 1885 mètres d’altitude — puis redescendre vers la station du Mont-Dore, voir comment on se sentait, et décider où dormir pour la nuit.

La première montée de la journée a été la plus dure, comme souvent. On a grimpé jusqu’au sommet de Super-Besse, direction le Puy de Sancy. Et franchement, cette partie-là a été de loin ma préférée de toute la rando. C’est tellement différent des Alpes : tu avances le long des crêtes, dans un paysage volcanique presque irréel, avec une vue dégagée à perte de vue. 

Quand on est enfin arrivés au village du Mont-Dore, le soleil se couchait déjà. C’est le souci avec novembre : les journées sont vraiment courtes. Lessivés, on s’est arrêtés dans un petit bar pour boire une bière bien fraîche et jeter un œil à la carte. Il faisait encore bien froid, donc il fallait trouver un endroit pour camper rapidement.

Finalement, on a repris la marche jusqu’à la Grande Cascade. Le ciel était clair, les étoiles brillaient, et la cascade sous la nuit étoilée avait quelque chose de complètement irréel. On a monté la tente un peu plus loin, juste avant le Roc de Cuzeau, aussi vite que possible, et on s’est glissés dans nos duvets, prêts à affronter une nouvelle nuit froide! 

Jour 3 : Grande cascade → Chambon-sur-Lac – Fatigue, fierté et retour au bercail

Quand on a ouvert la tente, une autre chaude journée d’automne s’offrait à nous — presque de quoi me faire oublier la nuit glaciale qu’on venait de passer. On est alors partis, direction le Roc de Cuzeau, les vues étaient superbes. Comme on faisait une boucle, on pouvait reconnaître les crêtes parcourues la veille, ce qui donnait une vraie impression d’accomplissement. Puis on a entamé la descente en zigzaguant à travers la forêt, en perdant doucement de l’altitude.

On a fait une pause bien méritée en fin d’après-midi dans un refuge-restaurant appelé Les 500 Diables. Ensuite, on a repris la route jusqu’à Chambon-sur-Lac. Cette portion-là nous a paru longue... probablement parce qu’elle l’était, et assez plate aussi.

L’idée, à la base, c’était de passer la nuit à Chambon, donc on s’es installés dans une petite pizzeria bien cosy. Et puis, après une bouteille de vin, on s’est regardés et on s’est dit qu’on préférait dormir dans nos vrais lits ce soir-là.

C’est donc là qu’on est repartis, plus déterminés que jamais à compléter cette boucle de nuit et retrouver notre lit. Honnêtement, cette dernière portion du trajet est un peu floue — pas parce que je l’ai oubliée, mais parce que j’étais entièrement focalisé sur un seul objectif : avancer, pas après pas. On a tenu bon, et c’est là que c’est essentiel d’être avec la bonne personne : on s’est soutenus mutuellement, malgré la fatigue, le froid... Il se peut que j’aie versé une petite larme à un moment. C’est dans ces moments-là qu’on peut vraiment se surprendre soi-même et trouver de la force. 

Au final, on a marché près de 40 km ce jour-là, et on est arrivés à la voiture à 2h du matin. C’était dur, c’est vrai, mais c’est le genre de souvenir qu’on racontera pendant longtemps. 


Informations pratiques 

Ce qui est génial avec cette boucle, c’est qu’elle offre plein de possibilités. Il existe plusieurs variantes — tu peux facilement raccourcir ou rallonger le parcours selon ton envie ou ta forme du moment. 

Le meilleur moment pour faire cette randonnée se situe entre mai et octobre. Les nuits étaient froides et les journées courtes en Novembre, mais il n’y avait quasiment personne, et avec le bon équipement, tout s’est très bien passé!


À ne pas manquer (si vous avez un peu de temps)

Lac Pavin

Un lac d’origine volcanique situé à 1 197 mètres d’altitude, il est parfaitement circulaire et atteint une profondeur de 92 mètres, ce qui en fait l’un des lacs les plus profonds d’Auvergne. Formé il y a environ 7 000 ans suite à une explosion phréatomagmatique, il est aujourd’hui classé site naturel protégé..

Le village de Besse-et-Saint-Anastaise

Un charmant village médiéval situé au pied du massif du Sancy. Réputé pour son architecture traditionnelle en pierre volcanique, il offre un cadre authentique avec ses ruelles pavées, ses fontaines anciennes et ses maisons à colombages. Le village est également célèbre pour sa gastronomie locale, notamment la truffade, plat typique auvergnat.

Les ruines du château de Murol (près de Chambon-sur-Lac)

Les ruines du château de Murol témoignent d’une forteresse médiévale datant du XIIe siècle. Ce château, remarquablement bien conservé, offre un aperçu fascinant de l’architecture militaire médiévale avec ses tours, ses remparts et son donjon.


Les trek en autonomie 

Faire une randonnée sur plusieurs jours en autonomie, c’est une manière incroyable de vivre une vraie aventure dans un monde où rester dans sa zone de confort est devenu trop facile.

CEPENDANT, quelques points importants à savoir :

⇒ Le bivouac n’est pas autorisé partout.
Renseigne-toi bien sur la réglementation avant de partir. En général, il est permis de monter la tente au coucher du soleil et de la démonter au lever du jour, mais ça dépend des zones (notamment dans les parcs naturels). Trois aires de bivouacs sont mis à disposition sur cette boucle: https://www.sancy.com/voir-faire/balades-et-randonnees/la-rando-itinerante/boucle-sancy/

 ⇒ Ne prends que l’essentiel.
Chaque gramme compte ! Trop de poids peut entraîner des blessures ou ralentir considérablement la progression. La nourriture lyophilisée (ou déshydratée) est parfaite pour ce genre de rando, et tu peux planifier tes ravitaillements à l’avance dans les villages ou refuges sur le trajet. A savoir qu’en basse saison, de nombreux commerces, restos et hébergements sont fermés, notamment dans les stations comme Super-Besse ou Le Mont-Dore. Ce sont des zones très saisonnières, donc il faut anticiper un minimum.

 ⇒ Personnellement, je porte de la laine mérinos, non seulement aux pieds, mais sur tout le corps. C’est léger, ça évacue la transpiration, et garde au chaud quand il fait froid et au frais quand il fait chaud. En plus, ça ne sent pas mauvais, tu peux la porter plusieurs jours sans la laver. 



Josie

Écrivain et guide de montagne

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